Parfois nous grandissons en tant que « nous-même ». Souvent, nous le devenons, au fil du temps, ou de manière plus brutale. Parce qu’un jour, « cela ne va plus, cela ne peut vraiment plus durer comme ça », on n’en peut / veut plus de ce personnage aux yeux tristes qu’on croise tous les matins dans notre salle de bain depuis si longtemps, et que pourtant on ne (re)connait pas.
Mais laisser tomber le masque, cela fait peur. C’est même terrifiant. Se débarrasser de son armure, qu’on a construite et boulonnée pendant des lustres, souvent depuis nos premières bougies? Impossible. Parce que cette armure, c’est nous. Enfin c’est la vérité qu’on se raconte. Parce que non, cette armure, ça n’est pas nous. Nous sommes l’enfant qui s’y est enfermé il y a bien longtemps et qui y a grandi, engoncé, à l’étroit, dans un costume trop rigide. Et qui, un jour, a le besoin impératif d’en sortir, pour, enfin, respirer librement, à pleins poumons, la vie, SA VIE.
Le livre « Le Chevalier à l’armure rouillée » de Robert Fisher et Béatrice Petit, retrace à merveille ce moment, cette quête, ce chemin vers soi. C’est l’histoire d’un chevalier qui allait vaillamment tordre le cou de ses ennemis et des dragons crachant feu et flammes, et qui, pour se sentir invincible à tout moment, et parce qu’il ne faisait plus la différence entre elle et lui, ne sortait plus guère de son armure, même pour dormir. Armure qui finit par rouiller et par l’emprisonner, l’isolant du monde et de ceux qui lui étaient chers et qui l’aimaient. Il lui fallut partir à la recherche de lui même, faute d’y laisser sa « vraie » peau. Et c’est aidé d’un oiseau, d’un écureuil et de Merlin l’Enchanteur en personne qu’il partit sur son chemin à la rencontre de lui même, jusqu’au « Sommet de la Vérité ».